Si Seebach a été inscrite parmi les communes de l’Inventaire des Sites Pittoresques en 1968, c’est que le village a su conserver de magnifiques alignements de fermes traditionnelles à pans de bois très soignés. Qui plus est, dans un cadre de fleurs et de verdure tout à fait alléchant.

Ici comme ailleurs, la ferme est » un outil adapté au travail agricole, conçu et aménagé par l’expérience des générations terriennes » et selon leurs coutumes et leurs goûts.

Dans ce Nord de l’Alsace, les bâtiments sont disposés autour d’une cour rectangulaire : la maison se présente pignon sur rue et se trouve séparée des constructions voisines par une étroite venelle (le Schlupf ou s’Gängel). Porcherie, poulaillers, remises complètent cette première longueur du rectangle, alors que granges, étables et écuries barrent le fond de la cour et que, selon la place, d’autres hangars, fumier, puits et dépendances forment la longueur opposée du rectangle, sans qu’il y eût de règle précise pour cet agencement.

Côté rue, portillon et portail à claire-voie ferment si peu la propriété : on y vit presque en public et c’est le bonjour matinal facilité avec les voisins. C’est dans cet esprit aussi de vue sur le spectacle de la rue que la maison d’habitation est légèrement construite en biais par rapport à la voie publique.

Le village ayant été détruit pendant la Guerre de Trente Ans (1616 – 1648 et arrêt total des hostilités en 1679), la plupart des maisons datent du milieu du XVIIIe et début du XIXe siècles.

Leur structure est en chêne le plus souvent, avec des annexes en sapin. C’est la maison dite à colombage ou à pans de bois apparents. L’abondance des pièces de bois, obliques ou non, donne à l’ensemble sa solidité, sa souplesse et sa beauté. L’espace compris entre les poutres est comblé par du torchis (mélange d’argile et de paille appliqué sur des branchages entrelacés)

Beaucoup de maisons possèdent des auvents de protection alors que les toits à forte pente (40° à 60°) permettent à la neige de glisser et offrent une belle hauteur de grenier à céréales. Il est à noter que la partie inférieure du toit, le réveillon, est moins inclinée, et renverra donc neige et pluie plus loin des murs pour protéger ceux-ci et offrir un passage abrité autour de la maison.

Au plan esthétique, on est frappé par la recherche de symétrie et par la diversité des décors, car l’assemblage des éléments de charpente à son aspect fonctionnel, mais aussi sa fonction symbolique.

A SEEBACH, potelets et V renversés sont nombreux sous les fenêtres, mais la chaise curule, la croix de St André, le losange et » l’Homme » (Mann) pour soutenir les poteaux d’angle sont existants.

Justement, ces poteaux corniers torsadés sont très joliment ornés sur le bâtiment de la mairie: ce sont les colonnes à vis (ou vis à feu) qui représentent le mouvement solaire et symbolisent l’infini. Ailleurs, on y lit des inscriptions, la date de construction de la maison, le nom des propriétaires avec féminisation du nom de l’épouse, parfois des invocations. D’autres inscriptions se trouvent aussi sur la poutre sablière du premier étage ou au-dessus de la porte de grange.

Les maisons de SEEBACH sont systématiquement blanches, ce qui leur confère une grande dignité dans cet habit de cérémonie relevé par le noir des poutres. On notera qu’ici, elles ne s’étaient jamais parées des bleus profonds, des verts ou des rouges sang des maisons plus anciennes voire médiévales. Tout juste parfois, une petite touche de bleu de méthylène dans le blanc.

On ajoutera aussi qu’elles ne se dressent jamais seules mais se placent invariablement derrière ou près d’un jardinet à légumes ou à fleurs souvent rustiques avec l’un ou l’autre arbre fruitier ou lilas. Au goût de chacun.